Article écrit par Vincy pour Ecran Noir
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Il a cette élégance britannique, cette noblesse de jeu issue
des planches, cette distinction toute aristocratique. Ralph Fiennes (prononcé
Rèfe Faïn's) est sans doute l'un des comédiens les plus beaux,
les plus doués et les plus mystérieux que nous ait exporté
la Grande Bretagne. Le raffinement pur.
Il a joué tout Shakespeare. Il fut le premier Hamlet sur Broadway à
gagner le Tony Award. Un des prestigieux gagnants du Shakespeare Award. Deux
nominations aux Golden Globes et aux Oscars. L'une en tortionnaire nazi de Shindler's
List (second rôle), l'autre en aviateur hongrois et amoureux, la star
du Patient Anglais. Brûlé à l'amour vif.
Fiennes est d'ailleurs plus à l'aise dans les costumes du passé
que dans les décors futuristes (le cultissime Strange days, le désastreux
Avengers). A voir son Box Office personnel, sans aucun méga hit, il parie
beaucoup plus sur des scripts romanesques et des personnages tourmentés
intérieurement.
On peut aussi souligner la qualité de ses choix. Du chic. Il s'aventure
sur des terrains très différents: la Shoah de Spielberg, la folie
de Greenaway, la corruption de Redford, la menace cybernétique de Bigelow,
la Seconde Guerre mondiale de Minghella ou encore l'apocalypse climatique de
Chechik. De Jordan à Cronenberg, de Wang à Szabo, Ralph Fiennes
traverse les genres et les frontières avec la facilité des surdoués.
Ralph Fiennes est un introverti. peu disert concernant sa vie privée,
ses rares interviews ne parviennent pas à extorquer ses motivations à
êre devenu acteur. Il s'agit presque d'une évidence, en le voyant
si torturré par sa propre vie. Le souci est qu'il incarne de plus en
plus de personnages à son imahe : schizos ou tourmentés, âmes
perdues ou angoisses meurtrières...
Mais à voir sa courte carrière déjà bien remplie,
sa filmographie audacieuse, on peut deviner que le brillant Fiennes lutte entre
ses passions et une certaine éthique morale. Et de manière toujours
impeccable, comme un tailleur anglais fait sur mesure. Même si le tailleur
est toujours plus riche que celui qui porte le costume.
La quarantaine passée, il alterne un rôle multiple et shiwzophrénique
chez Cronenberg, un taré dans l'horrible Red Dragon, s'invite sur The
Good Thief et se fait draguer par la bimbo Jennifer Lopez dans Maid in Manhattan.
On le croirait devenu le clône de Richard Gere en plus jeune.
Sa grande absence ne doit pas nous inquiéter. Ce boulimique n'a pas arrêter.
James Ivory, Fernando Meirelles (le cinéaste de la Cité de Dieu),
ou les studios Aardman (Wallace et Gromit) lui permettent de changer de costard
comme de films. Mais le plus attendu sera sans aucun doute le déguisement
de Lord Voldemort, qu'il aura l'honneur, le prestige, l'immense avantage d'interpréter
à partir du quatrième Harry Potter. Sa notoriété
ne sera alors plus à faire : Fiennes est en course pour devenir l'un
des comédiens les plus populaires de la décennie.