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Ralph Fiennes est l'un des acteurs britanniques les plus précieux et délicats qu'il soit, gardant une classe égale même dans le plus sombre des navets. Une gageure que certains lui envient et qu'il convient de respecter. Baignant dans un milieu artistique depuis ses premières années, sa mère est peintre et romancière, son père photographe et illustrateur, Ralph est l'aîné d'une fratrie de six enfants. En 1973, la famille part s'installer en Irlande avant de retourner définitivement en Angleterre, à Salisbury. Après des études secondaires au sein de la Bishop Wordsworth Boys' School, il intègre le Chelsea College of Art and Design à Londres afin d'étudier la peinture. Il se découvre alors une passion pour l'art dramatique, qu'il décide d'assouvir en intégrant la Royal Academy of Dramatic Art (RADA) en 1982. A l'issu de ses trois ans de formation, il est engagé pour interpréter les héros shakespeariens Roméo et Lysender au London Open Air Theatre. Ses prestations sont remarquées et lui valent l'honneur de participer à la tournée d'été de la Royal Shakespeare Company en 1986. Suite à cette expérience, il multiplie les apparitions scéniques et est ainsi promu acteur résident au sein de la prestigieuse compagnie en 1989. Jouant un large éventail de rôles du répertoire shakespearien, il donne alors la pleine mesure de son talent.

Essais et succès

Ses qualités ne tardent pas à être remarquées par les producteurs de la BBC qui le choisissent pour incarner Lawrence d'Arabie dans A Dangerous Man : Lawrence after Arabia (TV, 1990). Après une seconde expérience télévisuelle dans la série policière Suspect numéro 1 (TV, 1991), il fait ses débuts au cinéma dans une nouvelle adaptation des Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, par Peter Kosminsky (1992), où une nouvelle fois il reprend un rôle jadis tenu par Laurence Olivier. Puis vient 1993, l'année de la consécration. Il participe d'abord au controversé The Baby of Macon de l'esthète Peter Greenaway où sa formation d'acteur classique fait merveille, puis traverse l'Atlantique sur la demande express de Steven Spielberg. Sa composition de Amon Goeth, l'effroyable officier SS de La Liste de Schindler (id) - le film le plus discutable de son auteur-, lui vaut alors une nomination aux Oscars et le BAFTA du meilleur second rôle. La reconnaissance de ses pairs et le succès du film lui assure une carrière hollywoodienne prometteuse.

N'hésitant pas à jouer de son image, il accepte des rôles variés. Qu'il s'agisse d'un intellectuel prétentieux dans le satirique Quiz Show (Robert Redford, 1994), d'un flic déchu dans le futuriste et apocalyptique Strange Days (Kathryn Bigelow, 1995) ou d'un comte hongrois mélancolique dans Le Patient Anglais (Anthony Minghella, 1996). Multi primé aux Oscars, ce drame romantique achève de révéler l'acteur aux yeux du public américain. Mais ces expériences cinématographiques n'ont pour autant émoussé son désir théâtral et sa soif de textes shakespeariens. Endossant l'habit tragique d'Hamlet, il brûle ainsi les planches londoniennes en 1995, avant de réitérer l'exploit à Broadway l'année suivante. La ferveur à New York est telle que la pièce joue à guichets fermés tous les soirs et Fiennes reçoit le Tony Award du meilleur acteur.

Un talent souvent mal servi

Malgré ce plébiscite et en raison de choix artistiques regrettables, l'acteur va par la suite cumuler les échecs : des amours tragiques de Oscar et Lucinda (Gilliam Armstrong, 1997) ou de La fin d'une liaison (Neil Jordan, 1999), en passant par l'adaptation éponyme ridicule de la série culte des sixties Chapeau melon et bottes de cuir (Jeremiah S. Chechik, 1998) dans lequel pourtant son élégance et son flegme so bristish le sauve in extremis. C'est David Cronenberg qui le sortira de ce mauvais pas en lui donnant le rôle principal de Spider (2002), film-cerveau où Fiennes parvient à traduire l'horreur intérieur de son personnage avec une exigence dramatique que l'on n'espérait plus.

Remis en selle, Fiennes renoue alors avec le succès, même si la qualité de ses apparitions n'est franchement pas à la hauteur des films en question : Dragon Rouge (2002) nouvelle version du roman de Thomas Harris par le tâcheron Brett Ratner - précédemment mis en scène avec brio par Michael Mann ; Coup de foudre à Manhattan (Wayne Wang, id), bluette insipide avec Jennifer Lopez ; Chromophobia (2005) de sa sœur Martha Fiennes ; ou l'inédit Land of the Blind (Robert Edwards, 2006). C'est déjà beaucoup mieux avec The Constant GardenerFernando Meirelles, 2005) où il livre une prestation tout en douce retenue puis détermination ; et évidemment Harry Potter et la coupe de feu (Mike Newell, 2005) ainsi que son épisode suivant Harry Potter et l'Ordre du Phénix (David Yates, 2007), pour lesquels il est devenu l'effroyable Lord Voldmort. A l'affiche de Bons Baisers de Bruges (Martin McDonagh, 2008), aux côtés de Colin Farrell, il tournera prochainement avec Keira Knightley dans le film historique The Duchess (Saul Dibb, 2008) avant de retrouver la réalisatrice Kathryn Bigelow pour The Hurt Locker (2008).

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