Interviews

The reader - Critiques en français

Critiques francophones - Juillet 2009

Froggy's delight

Écrit par Myriam Aze
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(...) L’intrigue (du livre "Le liseur", ayant inspiré le film éponyme réalisé par Stephen Daldry, est désormais célèbre. Soit l’ex-République fédérale d’Allemagne, dans les années 50. Mickael Berge, un tout jeune homme donc, découvre pour la première fois l’amour et la sexualité dans les bras d’Hanna Schmitz, compagne de vingt ans son aînée au charme intimidant et dominant, fortuitement rencontrée après un sien malaise. Douche - par elle donnée -, lecture - par lui pratiquée à voix haute - et initiation sexuelle instaurent bientôt l’étrange rituel poétique de cet amour peu conventionnel. Las ! Leur liaison ne dure pas, brutalement interrompue par la disparition de la femme. Il devra attendre sept ans pour croiser de nouveau son chemin, au cours d’un procès d’assises auquel il assiste dans le cadre d’un séminaire pendant ses études de droit. Elle est alors assise sur le banc des accusés, jugée avec quatre autres criminelles pour complicité dans les exactions nazies…

Déchirant dans son austérité relative où tout pathos excessif est d’emblée banni, le film a l’intelligence de respecter la pudeur intimiste du livre. Les lieux, l’ambiance, le développement de la trame sont fidèlement retracés, comme le désarroi et le profond sentiment de mal-être qui ne manquent pas d’étreindre, pour le hanter jusqu’à la fin de sa vie, Mickael confronté à l’horreur de son amour passé. Ancienne gardienne des camps successifs d’Auschwitz et de Cracovie, dans quelle mesure est-elle coupable ? Comment n’a-t-il pu rien voir, rien comprendre, aimer celle qui se révèle soudainement avoir été aussi capable de commettre des actes à ce point monstrueux ? Que faire de ses sentiments antérieurs, comment les analyser, quand il a tôt fait de saisir dans son hébétude accablée qu’ils demeurent sans doute un peu malgré tout ? Comment agir désormais, vis-à-vis d’elle, de lui-même, du devoir de mémoire de son pays ?

D’un point de vue aussi bien cinématographique que littéraire, les écueils ne manquaient guère devant tel sujet, propice à l’emphase et aux démonstrations abusives. Mais le film suit le livre, donc, dans sa volonté d’épure, épousant par des images sobres et des dialogues concis le déroulement mesuré du phrasé de l’ouvrage, l’économie d’un verbe sec aux adjectifs et adverbes savamment contrôlés. Rigueur, méticulosité et précision traduisent ici au mieux la violence des émotions et situations rencontrées. Cette pondération du mot, ce choix d’un style presque frugal intervient à contrepoint mais à raison du lyrisme du thème de départ, témoignant d’une efficacité implacable. On pourrait donc donner raison au classicisme appuyé de la réalisation de Daldry, qui relaye le roman en toute subtilité, renonçant sans platitude ni laconisme aucun aux effets de caméras parfois orgueilleux et autres attitudes superfétatoires qu’on eut pu redouter de la part d’une production hollywoodienne.

On appréciera encore la grâce de l’interprétation des acteurs, qui parviennent à exprimer sans afféterie ni maniérisme un tel kaléidoscope de sentiments entrechoqués. Ralph Fiennes incarne avec sincérité Mickael devenu adulte, personnage silencieux, intellectuel et tendre pressé par le sens du devoir et une conscience exacerbée de l’Histoire. Volontairement solitaire, il a pourtant désespérément besoin de chaleur humaine… Celle, peut-être, qu’il avait trouvée avec Hanna aux temps heureux de leur liaison, qu’il s’interdit désormais plus ou moins consciemment de revivre ?

De même Kate Winslet campe-t-elle en un jeu tout en retenue et intériorité une Hanna complexe, froide et charnelle, opiniâtre et mystérieuse à la fois. Sa gestuelle lente et réfléchie est particulièrement bien rendue par la comédienne, qui a su en capter l’essence primaire indéchiffrable. Car Hanna porte un lourd fardeau, l’énigme jalousement gardée de son passé inscrite dans chacun de ses actes, le moindre de ses mouvements. Remplie d’une sensualité rude et simple, elle est, fondamentalement, corporéité. Absente à son présent comme à son histoire révolue et soigneusement dissimulée, incapable de projection dans l’avenir, Hanna vit dans l’instant. Elle existe dans la seule immédiateté de la situation, dans les palpitations d’un corps vibrant compris comme une invitation à oublier le monde, ou plus exactement à s’oublier, se fuir entièrement elle-même…

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Cinema-France

Écrit par Charlotte Rogic
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Stephen Daldry dévoile The Reader, un film qui puise sa force dans le jeu de ses acteurs mais aussi dans notre mémoire collective.

Depuis que Kate Winslet s'est vue attribuer l'Oscar de la meilleure actrice, c'est avec une pointe de curiosité que l'on attendait la sortie de The Reader. Adapté du roman homonyme de Bernhard Schlink, le film raconte l'Allemagne de l'Ouest au lendemain de la seconde Guerre Mondiale. Michael, un adolescent de 15 ans en mal de vivre, rencontre Hanna, une mystérieuse femme trentenaire avec qui il va avoir une aventure. Une histoire qui se terminera brutalement et qui laissera Michael dans un état de déchirement indicible. Quelques années plus tard, le jeune adolescent s'oriente vers des études de droit, l'occasion pour lui d'assister à son premier procès. Nous sommes dans les années 60 et les crimes de guerre commencent à peine à être jugés. Sur le banc des accusés, Hanna Schmitz. Arrêtée pour avoir collaboré avec les S.S et participé à l'extermination des juifs, c'est une autre femme que Michael découvre. Mais malgré l'horreur qu'inspirent les accusations à son encontre, le jeune homme ne parvient pas à l'oublier et ne se doute pas encore de l'impact que ce premier amour aura sur toute son existence.

The Reader s'ouvre sur une histoire d'amour déchue et se double, dans la seconde moitié du film, d'un point de vue sur l'Histoire pendant et après le génocide des juifs. Deux parties parfaitement distinctes qui resteront pourtant indissociables. Car ce qui nous frappe d'emblée, c'est cette capacité à faire cohabiter différents registres et différentes trames narratives à l'intérieur d'une seule et même image avec une force émotionnelle et un malaise toujours constants. A commencer par l'idylle entre Hanna et Michael. Leur nudité est traitée sans complexe avec une sorte de sublimation provocatrice. Bien que d'un point de vue esthétique leurs corps enlacés inspirent le désir, la nature même de ces rapprochements physiques donnent la sensation d'être le témoin d'un pêché. Et comme pour équilibrer cette transgression consciente des lois morales, Hanna va demander à son amant de lui lire des histoires, une façon aussi pour le jeune adolescent de lui rendre la pareille. Car si elle lui fait découvrir les plaisirs charnels, lui la fait voyager avec ses mots. Mêlant les corps nus légers aux livres lourds de sens, Stephen Daldry remplace, avec la mise en scène de ces deux moments privilégiés, ce que les personnages ne se diront jamais. Et tout l'enjeu du film se situe dans le choix qu'ils auront à faire un jour : la confession salvatrice ou le silence destructeur ?

Kate Winslet étincelle dans son rôle de femme paradoxale. Mystérieuse, ambiguë, dure et sensible à la fois, elle impose le respect et la fascination. Ralph Fiennes quant à lui, compose avec brio son rôle d'homme torturé par le poids et le silence des années. Il aborde son existence avec une distance presque hypnotique tant le passé l'éloigne de toute réalité matérielle. Le film s'étend sur plusieurs décennies et s'arrête à des moments clés de l'Histoire : le lendemain de la seconde Guerre Mondiale, le jugement des crimes de guerre dans les années 60, l'impact du génocide sur les générations futures. Enfant de l'après-guerre, Michael vivra ces moments à travers le jugement et la condamnation d'Hanna. La deuxième partie du film entretient un malaise déjà palpable au début du film ; tant pour la jeune femme qui confronte l'horreur de ses actes à l'opinion publique que pour Michael, qui voit en ce procès sa propre déchéance. Néanmoins, dans la mesure où le film entame une réflexion autour de la notion de culpabilité, on aurait aimé en apprendre plus sur les « motivations » d'Hanna au moment des faits, sur le quotidien des prisonnières qu'elle envoyait à la mort, les séquelles des survivantes. Et c'est là que le bât blesse sensiblement, car le film ne va pas au bout de sa démarche historique, s'éternisant trop longuement autour d'un seul destin pour parler d'une humanité au sens large.

The Reader s'inspire d'une réalité qui nous émeut, qui nous oppresse, mais surtout qui raconte deux histoires bouleversantes : une idylle malheureuse et le génocide d'un peuple. Un film qui montre sa force à plusieurs reprises, mais qui n'est pas infaillible…

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Pariscope

Écrit par Arno Gaillard
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Dernier film produit par Sydney Pollack et Anthony Minghella, « The reader » a valu cette année à Kate Winslet l’Oscar du meilleur rôle féminin.

Une fois de plus, Ralph Fiennes prouve qu’il est un immense acteur dans le rôle de Michael Berg, cet homme habité par un amour et un secret enfouis, une culpabilité que seule une mort et un voyage à New York chez une rescapée d’Auschwitz libèreront enfin. Bruno Ganz dans un second rôle, celui d’un professeur de droit qui accompagne les doutes de son jeune élève est comme souvent remarquable.

Stephen Daldry, à qui l’on doit « The hours » et l’inoubliable « Billy Elliot », réalise avec maestria un film courageux sur un thème très sensible : la responsabilité du peuple allemand face à la Shoah.

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Ouest France

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Assistant aux procès des crimes nazis, Michael reconnaît parmi les accusés, Hannah, son amour de jeunesse rencontré au lendemain de la guerre. Elle avait subitement disparu, huit ans plus tôt, lui brisant le coeur.

Le milieu des années 50 dans une Allemagne qui garde encore les stigmates de la deuxième guerre mondiale. Un lycéen rencontre par hasard une employée des transports en commun. Elle a vingt ans de plus que lui, mais une brutale passion les unit. Une passion qui n'est pas que sexuelle. L'un de leurs jeux, pendant plusieurs mois, sera qu'il lui fasse la lecture.

Quelques années plus tard, Michael est étudiant en droit. A l'occasion d'un procès auquel il assiste, il retrouve Hanna sur le banc des accusés. Qui tous sont d'anciens nazis. La révélation de ce passé méconnu le hante.

C'est le rôle qui a valu à Kate Winslet son Oscar de la meilleure actrice au mois de mars. Une récompense amplement méritée, même si comme d'habitude les électeurs ont été sensibles aux transformations physiques que s'est imposé l'interprète. Mais Ralph Fiennes et David Kross, qui jouent le personnage de Michael adulte et jeune, auraient pu tout aussi bien prétendre à une récompense. Le sujet s'y prête.

Ce fut d'abord un roman à succès de Bernhard Schlink, Le liseur, paru en 1995. Avec toute la matière d'un mélodrame prenant et dérangeant, puisque nourri d'une possible réalité. Le propos est riche, et Stephen Daldry (Billy Elliot, The hours) a parfois du mal à en maîtriser toutes les données. Une brusque rupture de ton change totalement l'esprit du récit après la révélation du passé d'Hanna. Entre le souvenir, la culpabilité, le sacrifice, le devoir, le pardon, l'oubli, le rachat, etc, on n'en finit plus de survoler les thèmes qui font débat. Un certain malaise s'installe à l'écran. Mais c'est toujours l'intense émotion qui finit par nous emporter tout en nous donnant à penser et à réfléchir.

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France 2

Écrit par Angel Herrero Lucas
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L'indicible. Les sensations ressenties pendant et après ce film appartiennent à ce registre. C'est certainement lié au contexte du film. Comment parler de la Shoah et du régime nazi? C'est une question que s'est forcément posé le réalisateur Stephen Daldry, et sa réponse est impressionnante.

Les critiques américains sont quasiment unanimes et ont tous trouvé un adjectif ou un commentaire court pour faire l'éloge de ce film: "Un des meilleurs films de l'année", "quatre étoiles", "Un chef d'oeuvre", "Fascinant", "Emouvant"... C'est bien mais aucun de ces mots ne retranscrit vraiment l'histoire de ce couple improbable. Leurs différences sont à l'échelle de la génération qui les sépare. Et c'est cette différence d'âge qui rend ce film si dur et émouvant à la fois.

La première raison du succès de ce film réside dans le génie de son scénario. L'histoire surprend dès le début quand on voit Hanna (Kate Winslet, oscarisée pour ce film) et Michael (David Kross) nus dans de magnifiques scènes d'amour et de toilette. On se dit tout de suite qu'ado on aurait bien aimé rencontrer une femme de 35 ans aussi ouverte et pédagogue. Quant à la seconde partie du film sur le procès d'Hanna c'est tout juste exceptionnellement bien traité et subtil. Le réalisateur Stephen Daldry (Billy Elliot, The Hours) signe ici un nouveau film incontournable.

Mais si cette histoire tient la route c'est aussi grâce à un casting exemplaire. Le jeune David Kross qui joue Ralph Fiennes ado, est très bon, très subtil, très délicat et très beau. Il est grand, bien foutu de partout et lit des livres! Que demander de plus à un jeune homme?

Kate Winslet quant à elle impressionne. Hanna est une femme froide, d'une dureté qui n'a d'égale que sa passion. Elle vit seule et travaille comme contrôleur de ticket de train. Elle aime l'ordre, la discipline et la propreté. Une scène particulièrement longue où elle savonne Michael insiste sur ce dernier trait de caractère. On pourrait penser que cette femme est un peu la quintessence des clichés sur l'Allemagne mais ce n'est pas ce que l'on ressent quand on la voit faire l'amour ou écouter Michael lui faire la lecture.

On comprend vite que ce ne sont que des principes de vie qui lui ont été inculqués. Michael Berg adulte est interpreté par un Ralph Fiennes (La liste de Schindler, Le patient anglais, The Constant Gardener) grave, investi par le rôle et toujours aussi pudique. Un cocktail qui broie l'estomac, le tout saupoudré d'une voix très calme et très douce comme pour alléger la charge de son personnage qui souffre.

L'impossibilité d'oublier

C'est bien là le coeur du sujet. "The Reader", que cache ce titre? Il m'est impossible de le dire. Il faut voir ce film pour saisir la puissance et la profondeur de ce titre. Il dit tout, une fois que l'on a vu le film qui regorge de refléxions sur la guerre, la honte, la fierté, la lecture, l'analphabétisme, l'amour, la justice, la rancoeur, la prison et l'impossibilité d'oublier.

Toute la deuxième partie du film autour du procès d'Hanna pour son travail de garde de camp de la mort est somptueux. Stephen Daldry s'attaque ici au thème de la responsabilité collective ou individuelle des Allemands sous le régime nazi. Bruno Ganz (La Chute, La Bande a Baader) en prof de droit de Michael tient également un rôle important d'agitateur de conscience et de constructeur de mémoire.

En bref, ce film scotche au fauteuil pendant chacune de ses 123 minutes. C'est aussi un hommage formidable aux carrières d'Anthony Minghella et Sydney Pollack à qui ce film est dédié. Tous deux ont produit le film mais sont décédés au premier semestre 2008 et n'ont pas pu voir la sortie d'un objet cinématographique difficile à oublier.

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France-soir

Écrit par Jean-Michel Comte
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Kate Winslet, l’Oscar de l’émotion

(...)Si vous n’avez pas lu le livre Le Liseur dont le film est tiré, si vous avez échappé à la bande-annonce du film qui vous vend la mèche, si aucune radio ou aucun hebdomadaire n’est venu vous raconter le fin mot de l’histoire, vous aurez peut-être la chance d’aller voir The Reader sans que le suspense ne soit éventé : ce n’est qu’au bout d’une heure, lors des retrouvailles entre Hanna et Michael, que l’on découvre un lourd secret.

Le film change alors de ton. L’histoire d’amour, d’éducation sexuelle et sentimentale d’un adolescent par une femme plus âgée laisse la place à une seconde moitié plus sombre, plus sérieuse, plus dramatique. Dans la première partie, Kate Winslet joue sans complexes les scènes de nudité avec le jeune David Kross, et tout cela a un petit air de légèreté, même si l’on a compris – bien avant ce grand benêt de Michael – qu’Hanna demande qu’on lui fasse la lecture tout simplement parce qu’elle ne sait pas lire.

Dans la deuxième partie, au contraire, pas de place pour la joie de vivre, le sexe et les lectures sur l’oreiller. Sans dévoiler l’histoire, on dira qu’il est question bien sûr de la Seconde Guerre mondiale et des camps de concentration, de culpabilité individuelle et collective, de la honte et du silence qui sont les deux composantes du mépris de soi, de cette génération d’Allemands trop jeunes pour avoir fait la guerre mais trop vieux pour échapper à ses conséquences. Stephen Daldry, réalisateur de Billy Elliot et de The Hours, tire le meilleur de Kate Winslet, sans maquillage puis vieillie, belle et émouvante, dans un rôle à Oscar. Elle est superbement entourée de deux acteurs interprétant le même Michael jeune et vieux, puisque le film fait l’aller-retour entre passé et présent : David Kross, très convaincant, et Ralph Fiennes, sobre et juste

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Il était une fois le cinéma

Écrit par Hadrien Dumont
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The reader, Le liseur, est à voir. C’est un grand moment où la technique du 7ème art, magistrale, s’efface au service de l’histoire. Un film pur comme le cinéma, compliqué comme la vie.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Michael Berg (David Kross), jeune étudiant allemand d’une quinzaine d’années, rencontre Hannah (Kate Winslet), une femme de 20 ans son aînée. Rapidement, une relation passionnelle et torride s'instaure entre les deux amants. Pendant tout un été, ils se retrouvent régulièrement en secret dans l’appartement de la mystérieuse Hannah, qui demande à l’adolescent de lui faire la lecture. Soudainement, la jeune femme disparaît, laissant Michael le cœur brisé. Quelques années plus tard, ils se retrouvent par un malheureux hasard. Michael, étudiant en droit, assiste au procès d’anciennes gardiennes SS des camps de concentration. Hannah est sur le banc des accusées…

Stephen Daldry adapte avec The reader le best-seller éponyme de Bernhard Schlink, publié en 1955. Ce roman est considéré en Allemagne comme primordial pour comprendre l’histoire du pays et même enseigné dans certaines écoles. En effet, outre l’histoire d’amour des deux personnages principaux, le livre et le film traitent avant tout de la culpabilité de la génération allemande d’après-guerre. Quel regard portent ces jeunes, fils de feu le troisième Reich, sur les pêchés impardonnables de leurs pères ? Daldry nous embarque tout d’abord, à travers le regard du jeune Michael, dans une première partie pleine de naïveté, de passion : une première idylle adolescente interdite. Puis, abruptement, il nous plonge dans l’horreur du nazisme. Tout est remis en perspective. La fiévreuse Hannah, son premier amour, est une tortionnaire SS. Chaque geste affectueux, chaque livre qu’il lui lisait, tout porte soudain l’ombre des camps de concentration. Si le mal est plus banal en période de guerre – Hannah « travaillait », comme beaucoup d’autres – Stephen Daldry reste juste et ne cautionne pas pour autant ses crimes ; mais il laisse cependant à Hannah sa fragilité, ses sentiments, son humanité. Le spectateur, comme Michael, est tiraillé dans tous les sens. Mépris, amour, haine, empathie, tout se mélange. Daldry laisse en nos mains le jugement. Choix périlleux…

Avec un tel sujet, le film aurait pu facilement accumuler les clichés ou encore tomber dans le sentimentalisme. Mais la finesse et la précision du scénario (de David Hare, déjà scénariste de The hours) et de la mise en scène évitent tous les poncifs. La narration, par exemple, mélangeant les périodes clefs de la vie de Michael de manière non-chronologique, évite toute voix-off, accessoire facile et lourd des films à la première personne. De plus, The reader est une véritable œuvre cinématographique, chaque plan étant plein de sens. On y retrouve une véritable économie de dialogues gagnante, une densité des images, véritables tableaux parlants. Essentiels à la relecture... Enfin, si le film est formellement magnifique du point de vue du cadrage, de la photographie, de la reconstitution historique et du son, tout est adéquat et nécessaire. La technique s’efface au service de l’histoire.

Par ailleurs, les acteurs, David Kross et Kate Winslet en tête, sont d’une justesse remarquable. Hannah est bouleversante en jeune femme perdue, orgueilleuse et puérile. Tout en silence, elle campe avec conviction ce monstre qui s’ignore, nous empêchant de la condamner sans réfléchir. Face à elle, le néophyte David Kross incarne un Michael (dans sa jeunesse) d’une subtilité profonde. L’amour et la haine qu’il lui porte se retrouvent dans son regard d’adolescent en quête de compréhension. Leur réunion à l’écran est d’une sensualité étonnante, leurs corps imparfaits semblent s’attirer naturellement. Ralph Fiennes, qui joue Michael à l’âge adulte, s’en sort plus qu’avec les honneurs. Plein de sobriété et de doutes, il rappelle le feu éteint de la passion du jeune Michael, feu que l’homme refuse d’oublier.

Ainsi, Stephen Daldry nous emmène avec lui dans les tourments d’une nation confrontée à ses horreurs passées. Sans jamais pointer du doigt le bien ou le mal, les faits parlant d’eux-mêmes, il permet une identification aux personnages pas gagnée d’avance. Face au monstre, on ne s’enfuit pas, on veut comprendre, espérant en dernier recours qu’il voie, lui, l’humanité. Un grand film dont les questions sans réponses vous suivront longtemps

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Nouvel Obs

Écrit par AP
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"The reader" : l'amour avec un A, A comme Auschwitz

(...)"The Reader" n'est pas "La liste de Schindler", "La vie est belle" ou "Le pianiste". Ce n'est pas un énième film héroïque sur la Seconde guerre mondiale et le nazisme, avec ses gentils et ses méchants, ses émotions simples en noir ou blanc. "The Reader" se situe en pleine zone grise, résolument trouble et angoissante. Avec une audace folle, le film plonge ses spectateurs dans les affres du cas de conscience ultime: peut-on tous devenir tortionnaire? Peut-on aimer un tortionnaire? Peut-on pardonner à un tortionnaire?

Et au spectateur de trembler face à cette question, sa seule défense, lancée en plein tribunal: "Et vous, qu'auriez-vous fait à ma place?".

Cette banalité du mal, cette compassion pour le bourreau, cette volonté de se confronter à l'Histoire, c'est la force même du film de Stephen Daldry. Sans nul doute, il sera taxé d'antisémitisme ou de révisionnisme comme le roman de Bernhard Schlink l'a été par le passé. Mais quoi qu'il en soit, "The Reader" est un grand film. Anthony Minghella et Sydney Pollack ne s'y étaient pas trompés...

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Le point

Écrit par François-Guillaume Lorrain
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Le lourd secret de Kate Winslet
"The Reader", adaptation du "Liseur", de Bernhard Schlink, a valu l’oscar à Kate Winslet.

Depuis trente ans, la littérature allemande n’a eu que deux best-sellers : "Le parfum", de Patrick Süskind, et "Le liseur", de Bernhard Schlink, publié en 1996. L’adaptation du premier n’avait déjà pas été folichonne, on craignait donc le pire en apprenant que "Le liseur" était tombé entre les mains de Hollywood. Le sujet pouvait donner lieu à toutes les lourdeurs, tous les ratages. Qu’allait-il advenir de la liaison initiatrice, après guerre, entre un adolescent de 15 ans, Michael Berg, et une femme de 35 ans, Hanna Schmitz, dont il apprend, par hasard, huit ans plus tard, lors d’un procès qui la condamne, que cette femme à laquelle il faisait la lecture, avant de lui faire l’amour, avait été gardienne d’un camp nazi ? Mais, dès le début, de bonnes fées s’étaient penchées sur le livre. En 1999, quand les droits en furent vendus à Miramax, Sydney Pollack et son associé Anthony Minghella ("Le patient anglais") étaient aux manettes. Deux pointures. Ils ont couvé le projet, attendu que l’actrice pressentie, Kate Winslet, prenne de l’âge. La maladie les ayant rattrapés (ils sont décédés en 2008), ils ont transmis le flambeau à l’Anglais Stephen Daldry ("Billy Elliot"), qui sortait, avec son complice, le dramaturge David Hare, d’un solide travail sur Virginia Woolf, "The Hours". Un choix mûrement réfléchi et pertinent.

En refermant "Le liseur", on était saisi par un puissant malaise. Trente ans après les faits, Michael Berg ne peut pardonner à Hanna Schmitz son passé et le silence sur ce passé. Le silence de la honte, de la culpabilité. Mais, rongé par ce premier amour coupable, il ne se résigne pas non plus à la condamner : il lui expédie en prison les enregistrements des livres ("Anna Karénine", "L’Odyssée") qu’il lui lisait jadis, lorsqu’il ignorait qu’elle était illettrée. En sortant du film, on éprouve le même malaise. Signe irréfutable de sa réussite. La vraie fidélité, quand le cinéma s’empare de la littérature, se juge à l’aune des sentiments que le lecteur devenu spectateur doit retrouver à l’identique. On est de tout coeur avec un Michael Berg adulte, meurtri, consumé par un secret jamais partagé, dont on devine qu’il a pourri sa vie, son mariage, sa paternité. En quelques scènes où la profondeur se nourrit de simplicité, Ralph Fiennes, plus sobre, plus émouvant que jamais, entrebâille la porte sur un vertige creusé par la faute. Chez Schlink, cette faute est collective et éclabousse ce qu’on a appelé la "seconde génération". Professeur de droit, traumatisé sans doute par une semblable histoire, Schlink, né en 1944, nous confrontait à la honte de ceux qui n’ont pas connu la guerre, mais qui, à leur corps défendant, ont frayé avec les bourreaux. Quand on couche, jusqu’à l’aimer, avec une exécutante de la "banalité du mal", condamner devient plus compliqué. L’amour, le vrai, innocent, ignorant, est un engagement qu’aucune rupture ne peut effacer. Lors de la publication, c’est ce paradoxe qui avait scandalisé l’Allemagne. En retrouvant cette honte diffuse mais insoluble, Daldry réussit à filmer la confusion morale, qui était le vrai sujet du "Liseur" Schlink posait des questions sans y répondre. Daldry a le bon goût de ne pas dissiper le mystère.

Il ne s’est pas trompé non plus sur Hanna Schmitz, qu’il n’a ni diabolisée ni édulcorée. Ce dernier danger, la rendre aimable, guettait pourtant un "Diable au corps"nazi où il était tentant de faire du sentiment(alisme). Lire à haute voix, prendre une douche et coucher ensemble : à son jeune amant (David Kross, un débutant allemand remarquable) la froide Kate Winslet ne concède que ce rituel immuable, le préparant en silence à l’énigme de sa disparition. L’actrice de "Titanic"ne s’épargne pas et nous épargne pas. Pour avoir, dans toute sa brusquerie, incarné cette mer gelée des sentiments, elle a décroché l’oscar. Amplement mérité.

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Passion du cinéma

Écrit par Allan Kilic
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The Reader est l’adaptation à l’écran du célèbre livre de Bernhard Schlink. Mais ce film aura avant tout été la consécration pour Kate Winslet qui a finalement remporté l’Oscar de la Meilleure Actrice. Certains acteurs rentrent dans l’histoire ou gagne une telle récompense, car ils ont eu la chance d’avoir joué le rôle de leur vie. Et sans dévaloriser les précédant rôles de Kate Winslet, je dirais que le personnage d’Hanna Schmitz, une ancienne gardienne d’un camp d’extermination nazi, qui vivra une courte idylle avec un jeune adolescent, qui lui viendra chaque jour lui faire des lectures, avant d’être jugée pour crime de guerre quelques années plus tard, est le rôle de sa vie.
Il est vrai que le spectateur aura toute son attention rivée vers Kate Winslet durant tout le film, alors qu’en réalité, son personne n’est pas le principal. En effet, le personnage principal du film est Michael Berg, interprété par David Kross (adolescent), puis par Ralph Fiennes (adulte). David Kross est également une agréable surprise. Si le personnage de Michael est très niais en début du film, ce qui rentre Kross limite insupportable, au fur et à mesure le caractère du jeune adolescent évolue, devient plus mature, mais aussi plus distant. Or c’est justement là que l’interprétation de David Kross est excellente, puisque le Michael Berg de 15 ans et celui en fac de droit n’ont plus du tout la même attitude et apparence en commun. Ralph Fiennes quant à lui est très bon comme à son habitude. Une valeur sûre.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire l’interprétation de Kate Winslet. Il est très important de comprendre le film et son histoire. Car au-delà de l’histoire d’amour et de l’intérêt des personnages portés à la littérature. C’est de la bêtise humaine, qui a permis à l’holocauste d’avoir lieu, et de son incompréhension.
Hanna Schmitz était donc une gardienne dans un camp d’extermination, en charge de sélectionner les prisonnières, femmes et enfants, qui devaient passer à la chambre à gaz. Elle fut aussi coupable d’avoir laissé des juives mourir brûler vif dans un incendie lors d’un transfert de prisonniers. A première vue, le personnage d’Hanna est cruel, sans cœur, une vraie nazi. Et c’est ainsi que né l’incompréhension de Michael lorsqu’il l’a découvre sur le banc des accusés et entend le réquisitoire. Dans la première partie du film, Michael connait Hanna comme une femme, certes dominante, mais ayant un cœur et fragile au fond. Comment peut-il alors y avoir un tel décalage ? Cette question aura été pour moi le point central du film. Des réponses seront subtilement apportées, sans jamais tomber dans le racolage ou le cliché.

Hanna est une femme illettrée, donc forcément sans éducation. Mais elle avant tout une simplette, qui n’obéit qu’aux ordres sans avoir le réflexe de se poser des questions morales. Dans sa vie normale de contrôleuse de transport ou dans une courte romance, cela ne peut ne pas choquer. Mais en temps de guerre, cela peut entraîner des atrocités. Ainsi Hanna avoue tout lors du procès sans vraiment comprendre ce qu’on lui reproche au fond. Elle n’a fait que son boulot et bien d’ailleurs. Quand le procureur lui demande si elle sélectionnait des prisonniers pour faire de la place aux nouvelles arrivantes en leur disant qu’elles allaient être exécutées, Hanna lui demande en réponse ce que lui aurait fait à sa place.
Ce n’est que dans sa cellule des années plus tard, qu’Hanna prendra l’initiative de s’éduquer, d’apprendre à lire, et finalement de réfléchir sur ses actions passées et de les regretter.

Bien qu’il s’agisse d’un personnage simplet, le rôle est extrêmement complexe. D’autant plus qu’au fil du temps, Hanna vieillit, et donc perd de son charme et donc son côté dominant de la première partie du film. Kate Winslet nous rend une copie parfaite dans son interprétation. Elle nous charme, elle nous déçoit, elle nous intrigue, elle nous fait pitié, elle nous émeut. Et c’est justement le sentiment qui m’a envahit à la fin du film. J’ai été très émut et touché par ce film. Au-delà de l’histoire d’Hanna Schmitz, c’est peut-être le parcours de Michael Berg qui est le plus émouvant. Car depuis ses 15 ans, il ne cessera jamais de l’aimer, en le cachant à tout le monde. Même après le procès, il restera le seul à être en contact avec elle, en lui envoyant des enregistrements de ses lectures de romans. Et cela durant des années. Pourtant, jamais il n’aura le courage de la voir et surtout de lui avouer son amour. Ce qui blessera Hanna, qui commettra ensuite l’irréparable.

Outre l’interprétation, The Reader est un film ayant une belle photographie et de très beaux plans, le tout accompagné par une musique magnifique (j’ai ainsi découvert le compositeur Nico Muhly). N’oublions pas que le film a été réalisé par Stephen Daldry, qui n’en est pas à son premier coup, puisqu’il est également le réalisateur de The Hours (excellente direction d’acteurs également) et de Billy Elliot. Si la réalisation et la mise en scène sont excellente, je tiens à souligner l’approche du réalisateur, ne remet jamais en question cette aventure d’un point de vue morale, alors que les deux amants ont vingt ans de différence d’âge. Au contraire, le spectateur peut même envier l’insouciance au cœur de cette relation.

The Reader est donc un grand film. Une histoire d’amour pas comme les autres, mais réussie. Mais surtout, il s’agit d’un film émouvant qui fait réfléchir sur les crimes de guerre et sur le pardon. Ce film est un véritable coup de cœur que je recommande absolument à tout le monde.

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DVDrama

Écrit par David A.
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Film très attendu depuis la récompense de la meilleure actrice aux Oscars 2009 pour Kate Winslet, The reader est aussi le projet de deux producteurs disparus depuis, Anthony Minghella et Sydney Pollack. Adaptation du livre éponyme de Bernard Schlink datant de 1995, le projet cinématographique dut attendre une décennie pour voir le jour. Best-seller à l'époque, le roman avait bouleversé des millions de lecteurs à travers le monde. A la fois film romantique et tragique, The reader se double d'une réflexion sur la culpabilité des crimes de l'Histoire, crimes qui endeuillent et responsabilisent non seulement toute une nation mais surtout les générations présentes et à venir. A la première partie du film qui plonge le spectateur dans cette Allemagne de l'Ouest quelques années après la guerre, répond la seconde partie qui s'étale des années 60 (époque des jugements des crimes) aux années 90, lorsque Michael fait face à sa fille, Julia, devenue femme.

Deux parties traitées différemment, tant formellement que dramatiquement. L'adolescence de Michael est pleine de lumière, de souvenirs, de moments passés au lit avec sa maîtresse ou encore sur le lac avec ses amis. Une époque insouciante et presque béate (si le poids de la famille ne se faisait pas sentir), en tout cas l'époque de la découverte du corps, du désir, de l'amour. Hanna, l'éducatrice, la maîtresse au sens propre du terme. En retour Michael lui permet de s'évader au travers des récits dont il lui fait la lecture. Homère, Horace, Sappho, Tchekhov, Tolstoï, etc. Autant de récits plus grands que nature pour s'échapper du quotidien, pour s'échapper de sa condition et de son passé. Pour lui l'occasion d'affirmer une identité jusqu'alors timide et peu confiante. A ses yeux leur relation échappe à toute culpabilité, à celle bien sûr de la différence d'âge mais surtout, car il ne le sait pas encore, au passé caché de celle qu'il aime. Amour sincère et innocent, sobrement mais efficacement mis en scène.

Beaucoup plus froide et tragique, la seconde partie du film plonge Hanna au coeur de la tourmente et de l'opprobre public. Aux yeux de Michael c'est alors une toute autre personne qui se profile lors des longues séances de tribunal. Au banc des accusés sans savoir qu'il la regarde, Hanna se livre et dévoile ses gestes de maton. C'est ici que les périodes de la vie de Michael se mêlent le plus, de sa vie d'étudiant, d'avocat et de père, comme si le procès fut pour lui le noeud de toute sa vie. Magistral Ralph Fiennes, il incarne avec justesse un homme à jamais perturbé dans sa relation avec les femmes, lui qui justement a connu une vie sexuelle et amoureuse certainement très enviable et très précoce aux yeux de ses camarades. Une relation qui pourtant l'enchaînera à jamais au passé terrible de son pays, lui qui est né après la guerre. Séparation des générations qui vient entériner la superbe présence de l'acteur allemand Bruno Ganz, l'ange de Wim Wenders dans Les ailes du désir. Dans son rôle de professeur de Droit, il pose davantage de questions à ses étudiants qu'il ne donne de réponses définitives aux problèmes posés. Il incarne à lui seul la dialectique de la morale et de la loi, ce monstre à deux têtes qui gouverne nos sociétés actuelles.

Sans être un chef d'oeuvre absolu, The reader combine avec brio la lecture sentimentale et historique du livre original. Mis à part la langue anglaise choisie pour raconter ce récit allemand (là où la langue allemande elle-même aurait apporté davantage), force est de constater la réussite du projet traité de manière somme toute classique mais efficace. Kate Winslet, plus impressionnante dans la seconde partie, donne à son personnage une tangibilité saisissante. Face à elle le jeune acteur allemand David Kross ne démérite pas, jouant à la fois le jeune adolescent pré-pubère et l'étudiant jeune homme qui découvre tout à coup la réalité du passé allemand. Casting impeccable donc, où l'on aperçoit Hannah Herzsprung (l'héroïne de Quatre minutes) dans le rôle de la fille de Michael, doublé d'une qualité technique irréprochable, le film comble les attentes sans faste ni trompette mais avec une subtilité qui sied parfaitement au sujet.

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Ecran large

Écrit par Flavien Bellevue
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Avec The reader, le cinéma américain confirme une fois de plus son envie de revisiter l'histoire de la seconde Guerre Mondiale après Les insurgés, Walkyrie et bientôt The Boy in the Striped Pyjamas, le documentaire Blessed is the match, et le prochain Quentin Tarantino, Inglourious basterds. Contrairement aux oeuvres déjà sorties, le film de Stephen Daldry ne parle pas d'actes de résistance ou de complots, mais de l'opposition de la jeune génération allemande d'après-guerre face aux crimes de la génération précédente ; et lorsque cette confrontation mêle une histoire d'amour improbable au plaisir de la littérature contée, The reader a tous les atouts pour donner vie à un grand film.

Avant les mots, il y a une histoire, celle de l'adolescent Michael Berg qui grandit dans l'Allemagne de l'Ouest d'après-guerre ; alors qu'il rentre chez lui, malade, il fait la connaissance d'Hanna, une contrôleuse de tramway, qui lui propose son aide en l'amenant chez elle. Ce n'est qu'en revenant chez Hanna pour la remercier que le jeune Michael s'embarque dans une relation amoureuse avec une femme plus âgée que lui de 21 ans. Leur relation charnelle prend une autre direction lorsque Hanna demande à son amant de lui lire un passage d'un roman avant chacun de leurs ébats ; Michael se découvre être un étonnant conteur et prend donc plaisir à lui faire la lecture. Avec le temps, leur relation se dégrade et il faudra huit ans pour que les deux ex-amants se retrouvent d'un coté et de l'autre de la barre d'une cour de justice, pour un procès que Michael, alors étudiant en droit, ne pouvait imaginer.

Comme pour son précédent film, The hours, le réalisateur Stephen Daldry s'attaque à une histoire longue, s'étalant cette fois sur plus de quarante ans, bien que le roman de Bernhard Schlink dont il est tiré soit bref. Et pour cause, le scénario s'arrête à des moments clés de chaque étape/époque de la vie de Michael ; c'est d'ailleurs la première force du film, car le scénario est basé sur une structure déjà efficace. L'histoire ne renferme pas d'ailleurs qu'une romance taboue, mais également un regard d'une génération sur les crimes de ses ainés et toute la notion de justice qui l'entoure. Entre secrets et mensonges, le personnage de Michael devra donc affronter la honte à travers la culpabilité et la responsabilité au regard de l'Histoire. Quant aux amoureux de littérature en tout genres, ils prendront plaisir à reconnaître les extraits d'œuvres de T.S Eliot, Mark Twain, Charles Dickens, Hergé et son célèbre reporter aventurier ou encore Anton Tchekhov.

Outre un scénario chargé en émotions et en rebondissements, The reader prend toute sa force dans ses interprètes. A commencer par le jeune et quasi inconnu acteur allemand David Kross qui incarne Michael face à une Kate Winslet en sublime et bouleversante Hanna, dont le maquillage complète à merveille son jeu unique. Malgré leur présence en seconds rôles, Bruno Ganz, Alexandra Maria Lara (déjà réunis dans La Chute), Lena Olin et Ralph Fiennes complètent un casting solide où chacun joue avec justesse, sans tomber dans l'excès. Ajoutez à cela une lumière sobre et bien travaillée par les célèbres chefs opérateurs Roger Deakins et Chris Menges, une musique mélancolique signée par le jeune compositeur de Joshua, Nico Muhly, le tout sur la supervision, entre autres, des regrettés producteurs Sidney Pollack et Anthony Minghella.

Si la mise en scène de Stephen Daldry est discrète et efficace, The reader a la qualité de ne pas en faire trop. Le film ne peut laisser indifférent par les thèmes profonds qu'il aborde, par le jeu de ses acteurs, ses ambiguités et par cette volonté de confronter les enfants d'après-guerre à leurs « parents », pour enfin se poser la question de la transmission aux générations futures. Poignant.

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Le blog Cinecritik

Écrit par Amelie Bertrand
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Un nouveau coup de coeur... Après deux mois sans cinéma je commençais à trouver le temps long et j'espérais rapidement trouver LE nouveau film qui me fasse craquer.

Sans trop savoir à quoi m'attendre, si ce n'est un film romantique à la bande annonce attirante, The Reader est vraiment une bonne surprise. Ralph Fiennes et Kate Winslet partagent l'affiche sans être souvent à l'image en même temps, seulement dans la toute dernière partie du film. C'est un film adapté d'un roman allemand qui raconte l'histoire d'amour entre un jeune homme et une femme plus âgée. Ils se rencontrent par hasard, dans une Allemagne d'après-guerre qui essaie de se reconstruire et d'enterrer les fantômes du passé.
Progressivement les corps vont entrer en contact. Michael sera le lecteur de Anna. Il va lui lire des livres étudiés à l'école avant de lui faire l'amour. Ce petit rituel prend tout son sens au cours du film.

On va suivre leur relation pendant une vingtaine d'années, on découvrira progressivement les secrets de la femme, magnifiquement jouée par Kate Winslet.
Emouvante sera la scène de retrouvailles, plus de vingts ans après, toute la salle a pleuré. Le film est romantique mais pas seulement, il est beaucoup question d'Histoire, cette histoire qui prend les tripes, cette histoire qui n'est pas un conte de fée, où des hommes sont morts et où des hommes et des femmes se sont retrouvés accusés, à tord à raison ou sans raisons.

Je me sentais bizarre à la fin de ce film, j'ai pleuré, et je me posais la question "est ce que j'ai le droit de pleurer pour un tel personnage ?" En pleurant est ce que j'oublie ses crimes? Toutes ces questions affluaient à la sortie de la projection... et finalement je me suis dit : "je connais l'histoire, je connais les crimes, le film a secoué mes tripes, j'ai pleuré pour l'émotion produite par les images, la musique, par le talent des acteurs... mais je ne donne pas l'absolution a ce personnage en pleurant." Toutes ces réflexions n'ont pas gâché mon plaisir, au contraire. Réfléchir à la perception qu'on a des personnages, à leurs actes, aux non-dits est une preuve de qualité du film. J'aime ça !

The Reader (Le Liseur en français) est un film qui vaut le coup ! Il mérite d'être vu, critiqué, discuté, l'interprétation des 3 acteurs principaux est tout simplement splendide, Fiennes est cependant un peu en retrait, tout en silence et en souvenirs. C'est un film historique comme il en faut pour ne pas oublier et pour questionner le spectateur de tout âge (interdit aux moins de 15 ans en Angleterre pour les scènes de sexe (aaaah sacrés anglais)).

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ActuaLitté

Écrit par Franck G. Bessone
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(...)Le livre de Bernard Schlink vient enfin d’être adapté au cinéma, on devait s’y attendre, cette histoire en avait hanté plus d’un quand il sortit en France en 1995 ! Le succès avait été immédiat, c’était nouveau, à couper le souffle et très émouvant. L’adaptation cinématographique était alléchante, prévisible, mais problématique comme tous les récits mettant en scène une relation amoureuse avec un adolescent. Il faut en effet rdonner à voir ce que les mots sont libres de dire sans avoir à s’incarner dans le corps d’un acteur. Trouver un acteur de l’âge du personnage rend difficiles et délicates les scènes d’amour à tourner, tenter de le rajeunir par des maquillages n’est jamais complètement satisfaisant.

Qu’il nous suffise de repenser à Lolita par exemple, quelle que soit la valeur de l’adaptation cinématographique du livre de Nabokov (je parle de celle de Kubrick bien entendu), là réside un obstacle que le cinéma aura toujours du mal à surmonter. Cependant même s’il en est de même avec le nouveau film de Stephen Daldry (dont on se souvient encore avec émotion pour ses films Billy Elliot, et surtout son adaptation du roman de Michael Cunningham, The Hours), il faut bien reconnaître que c’est une adaptation réussie et extrêmement fidèle au livre.

Certes la réflexion morale sur la culpabilité de la génération des parents de Michael, ou des autres enfants nés après la Seconde Guerre mondiale n'est pas aussi développée, et les aspects philosophiques, politiques et historiques de la responsabilité ont davantage de corps dans le livre ; mais tout est là, présent, et qui souvent se laisse deviner, sans didactisme appuyé ce qui aurait desservi le film. Surtout l’ensemble est servi par une interprétation excellente, et c’est là le point fort de cette adaptation !

Kate Winslet, dans le rôle d’Hanna, habite son personnage avec grand talent. Le hasard des prix fait qu’elle a obtenu le Golden Globe dans la catégorie "Meilleure actrice dans un second rôle", et l’Oscar dans la catégorie "Meilleure actrice", mais foin de ces différences ! Elle mérite tous les prix d’interprétation, c’est ce qu’on retiendra ! Michael adolescent est interprété par David Kross, jeune acteur dont le talent est promis à un avenir certain, et adulte par Ralph Fiennes qui donne au personnage vieillissant toute l’ambivalence émotionnelle ressentie pour Hanna.

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Filmsactu

Écrit par Elodie Leroy
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Entre condamnation et nécessité de compréhension, The Reader aborde la question de l'Holocauste à travers le point de vue rarement abordé d'un homme issu de la "seconde génération". On reprochera au film son système narratif académique entraînant quelques lourdeurs et facilités, mais le propos n'en soulève pas moins des questions morales osées et pertinentes, en plus de délivrer quelques précieux moments intimistes sublimés par la composition de Kate Winslet.

"La notion du secret est centrale dans la Littérature occidentale", explique un professeur à ses élèves dans le film. Le secret et la Littérature sont justement au coeur de ce nouveau long métrage de Stephen Daldry, The Reader, adapté du roman du même nom de Bernhard Schlink qui avait fait couler beaucoup d'encre lors de sa sortie. Auteur de Billy Elliot et Les Heures, Stephen Daldry se fait plutôt rare sur le grand écran mais frappe les esprits à chacune de ses oeuvres. Même si sa dernière en date, The Reader, n'atteindra pas les sommets des films cités précédemment, elle ne fait pas pour autant exception à la règle de par l'audace de ses thématiques. The Reader revient en effet sur le plus sombre chapitre de l'Histoire contemporaine de l'Europe, à savoir le génocide des Juifs par les Nazis, à travers l'histoire personnelle d'un homme issu de la "seconde génération" - les Allemands nés après l'Holocauste - c'est-à-dire à travers un point de vue rarement pris en compte. Au lendemain de la guerre, un adolescent introverti du nom de Michael Berg (David Kross) fait la connaissance de Hanna (Kate Winslet), une jeune femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant et The Reader. Des années plus tard, longtemps après le départ aussi soudain qu'inexpliqué de la jeune femme, Michael la retrouve sur le banc des accusés au procès des crimes de guerre Nazis.

Si The Reader n'entretient aucune ambiguïté sur l'atrocité de l'Holocauste, le propos fait controverse en raison du mélange de condamnation et de recherche de compréhension manifesté à l'égard de certains de ses bourreaux. En s'appuyant sur le regard très humain que Michael porte sur Hanna, un regard imprégné de sentiments intenses et contradictoires évoluant tout au long de sa vie, The Reader tente de répondre à une question simple : comment de telles horreurs ont-elles pu arriver dans un monde civilisé ? En faisant du personnage de Hanna un être humain à part entière, parfois misérable mais pas détestable, The Reader nous rappelle que nous ne sommes jamais à l'abri d'une répétition de l'Histoire. Comprendre l'incompréhensible, tel est le besoin de cette seconde génération qui porte en elle la culpabilité et la honte issues d'un crime qu'elle n'a pas commis mais avec lequel elle possède un lien inextricable. Un lien qui met en cause la construction même de l'identité de ces hommes et de ses femmes dont les parents sont potentiellement coupables ou complices d'un génocide. Ce fardeau s'exprime pleinement à travers le personnage de Michael, jeune homme taciturne qui garde ses distances vis-à-vis de sa propre famille pour se jeter dans une relation pleine de non-dits placée sous le signe de la Littérature, symbole de la Culture mais aussi de l'élévation du coeur et des sentiments. Portée par une mise en scène raffinée que n'aurait pas renié le regretté Anthony Minghella, l'un des producteurs du film, les séquences se déroulant dans l'Après-guerre s'avèrent tout simplement sublimes. Les scènes d'amour entre Michael et Hanna délivrent quelques moments intimistes d'une rare beauté, habités par un regard très féminin sur ce jeune garçon initié à l'amour par une femme ayant le double de son âge. En plus de délivrer une composition d'une grande profondeur qui lui a d'ailleurs valu l'Oscar de la Meilleure Actrice, Kate Winslet déborde de sensualité et de présence dans le rôle de Hanna, face au jeune David Kross qui s'impose comme la révélation du film.

Pourtant, The Reader n'atteindra pas le statut de chef d'oeuvre qu'il aurait pu avoir. Si le récit de la jeunesse de Michael déploie des trésors de mise en scène, il n'en va pas de même pour les scènes se déroulant dans le présent, dont l'académisme et la présence de plus en plus envahissante à mesure que le dénouement se rapproche confère à la narration une certaine lourdeur dans la deuxième heure. Ces scènes se justifient certes par les intentions du film qui replace le poids de l'Histoire dans le contexte d'une vie entière. Dommage que ce récit parallèle se complaise dans une certaine facilité dans sa manière de transmettre les émotions, et ce malgré l'interprétation toujours très juste de Ralph Fiennes. Stephen Daldry se fait presque subtil dans son portrait de Hanna (son secret personnel ne sera jamais verbalisé dans le film) mais ne retrouve pas la fluidité narrative des Heures dans son parallèle entre le passé et le présent de Michael. Ajoutons à cela des maquillages de vieillissement un tantinet visibles sur Kate Winslet, un défaut que l'intensité de jeu de la comédienne fait heureusement partiellement oublier. A défaut de satisfaire sur tous les plans, The Reader n'en demeure pas moins une oeuvre émouvante qui soulève d'importantes questions morales, ce qui est déjà beaucoup.

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Mon cinéma (site canadien)

Écrit par Sonia Sarfati
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The Reader : la mémoire sur la peau

À quelques exceptions près, les grands romans sont mal servis par le cinéma. Mais parmi ces exceptions se trouve The Hours de Michael Cunningham, qui a été scénarisé par le dramaturge David Hare et porté à l’écran par le réalisateur Stephen Daldry.

Le tandem s’est reformé pour l’adaptation cinématographique de The Reader de Bernhard Schlink. Et une autre exception arrive ainsi sur nos écrans: Daldry et Hare sont de nouveau parvenus à raconter la même histoire que celle qui se trouve dans les pages d’un livre, mais en utilisant une autre voie, une autre voix. À l’arrivée, deux œuvres fortes et mémorables, aussi indépendantes qu’intrinsèquement liées.

Roman qui revêt une importance immense en Allemagne, The Reader se penche sur la culpabilité ressentie par la génération née en Allemagne après la Deuxième Guerre mondiale. Comment (sur) vivre en découvrant la nature des gestes commis, des années plus tôt, par les êtres proches, aimés?

L’histoire en partie autobiographique que dit le roman, et le film, est celle de Michael Berg (David Kross, puis Ralph Fiennes). Il a 15 ans quand il rencontre Hanna Schmitz (Kate Winslet), qui en a deux fois plus. Une liaison s’ensuit. Charnelle. Passionnée. Brève. Mais fondatrice pour lui, puisqu’elle est sa première. Après leurs ébats, toujours, il lit. Il lui lit. L’Odyssée. Les Aventures de Huckleberry Finn. Ou encore L’amant de Lady Chatterley.

Jusqu’au jour où Hanna disparaît. Sans un mot. Ni une lettre. Quand il la revoit, huit ans plus tard, il est étudiant en droit et assiste au procès d’une poignée de femmes accusées d’avoir un passé nazi et d’être responsables d’un massacre. Parmi elle, Hanna. Hanna qu’il a connue drôle et douce, mais aussi froide et fermée. Humaine, quoi. Hanna qui portait ce secret. Qui en porte un autre encore. Hanna dont il va suivre la vie. De loin.

Ce film (comme le roman) n’est pas une oeuvre sur la Deuxième Guerre mondiale parmi d’autres. Et, à son thème principal, déjà délicat à rendre, s’ajoutant l’histoire d’amour entre une adulte et un mineur, il fallait des créateurs inspirés pour mettre en images les mots du livre.

Stephen Daldry a su, pour cela, s’entourer. La direction photo de Chris Menges et Roger Deakins, la musique composée par Nico Muhly, tout contribue à nous enrober dans ce film lent et sensuel, trouble et troublant. Quant à Kate Winslet, elle mérite une sélection aux Oscars pour sa performance : avec quelle sobriété elle se met à nue, et pas seulement physiquement. Le jeune David Kross est, lui, une révélation; alors que Ralph Fiennes, qui prend la relève lorsque le personnage devient adulte, sait parfaitement jouer la faille de cet homme marqué. Finalement, Lena Olin fait pour sa part deux apparitions d’une force rare dans la peau d’une survivante des camps. On est là à des lustres de tout cliché. Comme partout ailleurs dans ce récit.

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Canoë (site canadien)

Écrit par Philippe Rezzonico
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L'amour coupable

Peut-on se sentir coupable toute une vie durant des actes d’un autre même si on est totalement innocent ? Oui, c’est possible, comme The Reader en fait la démonstration avec finesse, émotion et pas une once de complaisance.

Évidemment, au départ, tout n’était que plaisir, passion et découverte pour le jeune Michael Berg (David Kross) dans cette Allemagne de l’après-guerre. Devenir amant, à 15 ans, d’une belle femme (Kate Winslet) âgée dans la trentaine, c’est, déjà, vivre quelque chose d’exceptionnel.

Qui plus est, quand la dame en question (Hanna Schimtz) désire que le jeune homme lui lise en rafale des oeuvres de Twain, Homère, Hemingway et Tchekhov, cette relation intime devient aussi une relation intellectuelle stimulante.

Si le jeune Berg n’a jamais compris pourquoi Hanna a disparu de sa vie sans crier gare, il ne s’attendait pas à la revoir au banc des accusés des criminels de guerre durant ses études en droit. La découverte du passé de son ex-maîtresse et la seconde relation qu’il va entretenir avec elle durant des décennies vont gâcher sa vie.

Basé sur le récit semi-autobiographique de l’auteur allemand Bernhard Schlink, The Reader (Le Liseur, en version française) tient à la fois de l’histoire d’amour et des séquelles indélébiles laissées par toute forme de culpabilité.

Oeuvre contemplative

Réalisé par Stephen Daldry (The Hours), The Reader devient à l’écran une oeuvre hautement contemplative, que ce soit en raison de la relation particulière entre les amants du passé et les amis du présent – le film couvre près de 40 ans – que par le jeu de ses protagonistes.

Secrète, réservée et vulnérable, Winslet offre une performance époustouflante de nuances et de demi-teintes pour un personnage qui n’est jamais sympathique.

L’approche est similaire pour le Michael Berg adulte, campé par Ralph Fiennes, qui porte la souffrance du passé au quotidien. Contrairement au livre de Schlink dont les événements se déclinaient de façon chronologique, Daldry multiplie les flash- back temporels, ce qui confère des brisures de rythme appréciées dans ce film qui serait par trop linéaire autrement.

L'envers de la médaille

Sans pitié envers ses personnages, The Reader n’est pas un film qui traite de l’Holocauste du point de vue de martyrs des Juifs, mais montre – pour une rare fois – les séquelles de la Deuxième Guerre mondiale du point de vue des Allemands.

Rafraîchissant à souhait en raison de ce parti pris narratif, le film est d’autant plus satisfaisant que les notions de rédemption et de pardon normalement associées à ce genre de productions n’ont, ici, pas droit de cité. N’attendez pas les violons…

S’il faut prévoir que l’impact de ce film d’auteur soit bien moins important que celui d’un Schindler’s List, sa complexité émotive, sa beauté glacée et sa toile de fond en font un véhicule idéal pour que Kate Winslet obtienne sa sixième nomination aux Oscars le mois prochain. Et, cette fois, ça pourrait être la bonne.

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Tout le DVD (Critique DVD)

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Dans le Berlin des années 50, Hanna Schmitz (Kate Winslet) vient en aide à un lycéen souffrant (David Kross). De cette rencontre naît une passion amoureuse entre les deux amants que tout sépare. Un élément particulier souligne cette histoire : le jeune Michael Berg lit des livres à la demande de sa bien-aimée... jusqu'au jour où cette dernière disparaît. Quelques temps plus tard, Michael, étudiant en droit, retrouve Hanna sur le banc des accusés lors d'un procès condamnant des collaborateurs au régime nazi.

Un Oscar pour Kate, un jeune acteur talentueux, un Ralph Fiennes en grande forme, un scénario issu du best-seller de Schlink font de "The Reader" un bijou. L'émotion vous submerge dès le début, puis la complexité de cette relation amoureuse absorbe votre attention jusqu'à la dernière seconde. Les bonus se contentent de présenter un making of, mais la beauté du film pardonne cet oubli !

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Télémoustique (Critique DVD)

Écrit par A.P.
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Cette oeuvre qui interpelle présente plusieurs angles de vision. On peut voir la romance entre un adolescent et une jeune femme bien plus âgée, une réflexion sur la responsabilité de chacun face à ses actes et ceux d'un pays ou encore un questionnement sur ce qu'on peut faire ou taire par amour.

Le réalisateur dérange en suscitant peut-être trop d'empathie pour le personnage, brillamment interprété par Kate Winslet (oscar de la meilleure actrice pour ce rôle). Assisté de deux producteurs décédés depuis (dont Sydney Pollack), Stephen Daldry recourt aux flash-backs qui s'inscrivent dans l'histoire. Pour porter le best-seller de Bernard Schlink à l'écran, il couvre 40 ans de la vie de deux êtres de façon classique, sobre et prenante. Ralph Fiennes - dans le rôle de Michael adulte - est à nouveau touchant de justesse. A défaut d'être un chef-d'oeuvre, ce film vous marquera.

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