Interviews

Corolian : Shakespeare en Serbie

Article écrit par Emmanuèle Frois et datant du 14 février 2011
Lire l'article sur le site du Figaro

Dans son premier film présenté à Berlin lundi, l'acteur Ralph Fiennes transpose Coriolan aujourd'hui.

De notre envoyée spéciale à Berlin

Pour ses débuts dans la réalisation à 48 ans, Ralph Fiennes a voulu conférer à la tragédie de Shakespeare Coriolan des résonances politiques et économiques très actuelles, en lui donnant pour décor la Serbie dévastée. Crâne rasé, visage marqué par des cicatrices, il incarne avec fièvre le général Caius Martius, chef de guerre courageux et patricien orgueilleux. Avec ses chars d'assaut et ses troupes d'élite, il vient d'infliger une défaite à Aufidius (Gerard Butler), le chef des Volsques. Grâce à cette victoire, il pourrait devenir consul. Mais son élection représente un risque de dictature et les plébéiens lui retirent leurs voix et exigent son bannissement. Il rejoint alors le camp des Volsques…

Ralph Fiennes avait interprété le rôle de Coriolan il y a dix ans sur la scène du Théâtre Almeida de Londres. «L'idée de réaliser un film sur la pièce me trottait dans la tête et dans le cœur depuis cette époque-là, explique l'acteur et réalisateur. C'était devenu une véritable obsession. Mais fallait-il la situer dans le cadre de l'Empire romain, au XVIIe ou encore au XIXe siècle? En regardant aux informations les différents conflits qui déchirent le monde - que ce soit la guerre en Tchét chénie, les émeutes à Athènes ou les crises institutionnelles et économiques -, j'ai été rapidement convaincu qu'il fallait opter pour une version moderne.»

Ralph Fiennes, qui a tourné le film avec le SAJ, Unité spéciale serbe contre le terrorisme, filme les scènes de combat avec un réalisme brut, dans la fureur et dans le sang. Un Coriolan qui frappe par l'actualité de son propos, entre les émeutes d'un peuple qui demande du pain et les notions de démocratie, de patrie soulevées par la pièce…

«Sans apporter de réponses, Shakespeare provoque délibérément des questions fortes sur la façon dont doit fonctionner la société et dont elle peut avancer. Ce qui me semblait intéressant», conclut Ralph Fiennes.

<< Retour à la page articles