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"Coriolanus", un Shakespeare en treillis signé Ralph Fiennes

Article écrit par AFP et datant du 14 février 2011
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L'acteur britannique Ralph Fiennes connaît son Shakespeare sur le bout des doigts: pour son premier passage derrière la caméra, il est resté en terrain connu avec "Coriolanus", filmé en treillis."A voir à la télévision des images de guerre en Tchétchénie ou en Irak et d'émeutes urbaines, je me suis convaincu que mon décor était autour de nous", a-t-il justifié, lundi à Berlin, où sa première réalisation était en compétition officielle pour l'Ours d'Or de la 61e Berlinale, décerné samedi."Le Patient Anglais", "The Constant Gardner", l'officier allemand perturbé de "La Liste de Schindler", tous ces rôles ont assuré à Ralph Fiennes, 48 ans, une popularité illustrée par la foule compacte qui l'attendait à la sortie de sa conférence de presse malgré le vent glacé.Mais son monde, c'est d'abord le théâtre shakespearien, au point de confier "une certaine obsession" pour ce Coriolan qu'il a incarné sur les planches, à Londres, il y a une dizaine d'années."Shakespeare pose des questions qui incite à réfléchir. A la fin, nous échouons toujours à trouver des solutions pour échapper aux conflits permanents", relève-t-il.La pièce créée en 1607 raconte l'ascension du général romain Caius Martius (Fiennes), qui trouve la gloire en combattant bravement, et sa déchéance, jusqu'au bannissement, parce qu'il méprise le peuple. Dans cette deuxième vie, il trouvera à se venger en s'alliant à son pire ennemi, Tullus Aufidius (Gerard Butler).Entre Coriolan et Aufidius, les affrontements sont violents, les corps-à-corps sanglants. "Coriolan avait besoin d'un adversaire costaud, physique et le contact entre les deux devait traduire un certain érotisme", estime Ralph Fiennes. A ses côtés, Gerard Butler ("300", "PS: I love you"...) admet qu'il est habitué à des rôles "moins intellectuels, des films d'action ou des comédies romantiques".Tournée en Serbie, cette transposition de la pièce dans la guerre moderne a conservé la langue du 17e siècle, "familière" à Vanessa Redgrave, qui joue la mère de Coriolan: "Je la connais depuis mon enfance"."Quand j'avais 10 ou 12 ans, nous lisions à l'église une bible dans une traduction contemporaine de Shakespeare", a-t-elle expliqué, regrettant que "les anglophones, aujourd'hui, n'y aient plus accès". Il est vrai qu'un public moins averti qu'elle ne dédaignerait pas les sous-titres."Coriolanus", par la curiosité que suscitent ses stars, la nouveauté d'un Ralph Fiennes réalisateur et l'ambition du propos, a quelque peu éclipsé lundi le deuxième film français de la Berlinale, présenté en sélection officielle - mais hors compétition.Malgré la bonne humeur contagieuse des bonnes espagnoles et ses bons sentiments, "Les Femmes du 6e étage", de Philippe Le Guay (avec Sandrine Kiberlain, Fabrice Luchini et Carmen Maura) n'a pas emmené les spectateurs berlinois au septième ciel.Par ailleurs, le festival allemand poursuivait son exploration du monde à travers deux documentaires: l'un sur le juge espagnol Baltasar Garzon, qui s'est fait connaître en lançant un mandat d'arrêt contre l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet, l'autre sur l'ascension et la chute de l'un des hommes les plus riches de Russie, Mikhail Khodorkovski: devenu l'un des ennemis les plus résolus du Premier ministre Vladimir Poutine, il est emprisonné depuis 2003.Victime de deux effractions en quelques semaines, son réalisateur allemand Cyril Tuschi a préféré se mettre à l'abri jusqu'à la fin de la Berlinale, dimanche.

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