Interviews

Ralph Fiennes alias Voldemort

Propos recueillis pour le magazine "One" et datant de Février-Mars 2006

Avec à son actif des premiers rôles dans de grands films comme "La Liste de Schindler" ou "Le Patient Anglais", on peut s'étonner de retrouver Ralph Fiennes à l'affiche de "Harry Potter". Le comédien s'explique sur ce qui l'a poussé à interpréter Lord Voldemort.

Vous avez déjà une longue carrière derrière vous, croyez-vous que "Harry Potter" va changer des choses dans votre vie ?

Oui et j'en suis conscient. Quel que soit le nombre de films que j'ai tourné par le passé, maintenant que j'ai tenu le rôle de Voldemort, plus personne ne va s'en souvenir! Je suis à jamais associé à ce personnage. Je ne sais pas encore si je vais jouer dans les "Harry Potter" suivants, mais je peux déjà vous dire que l'attitude des gens envers moi a changé. Quand je vais au supermarché, maintenant, on me demande si je suis bien "celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom". Et puis, à présent, quand je croise des enfants, ils sont terrifiés! [rires]

Pourquoi avoir accepté de tenir un second rôle dans "La Coupe de Feu" ? Etes-vous un fan des livres ?

Non, je les apprécie, mais je ne suis pas accro comme certaines personnes de ma connaissance. Et pour tout vous dire, je n'ai pas vraiment aimé les deux premiers films. Mais quand on m'a contacté pour tenir le rôle de Voldemort, je savais que c'était le grand méchant de l'histoire, l'être le plus vil qui ait jamais existé. Ce rôle est tellement éloigné de tout ce que j'ai pu jouer auparavant que je n'ai pas pu résister.

Qu'avez-vous ressenti la première fois quevous avez mis les pieds sur le plateau ?

Je me suis senti comme un gosse. Les décors sont tellement incroyables qu'on a vraiment l'impression de pénétrer dans un monde féerique. J'ai retrouvé mon âme d'enfant et, finalement, c'est un peu ça le métier d'acteur. Tout commence quand on est gamin et qu'on se déguise pour jouer aux cowboys et aux Indiens.

Comment vous êtes vous préparé à incarner le Mal absolu?

C'est difficile de jouer un homme censé exprimer la quintessence du Mal. Avec Mike Newell, le réalisateur, nous avons trouvé opportun de donner à Voldemort certaines qualités humaines, tout bonnement parce qu'on ne peut pas jouer à être méchant d'un bout à l'autre d'un film. Le Mal s'exprime trop souvent par des effets convenus : mâchoires crispées, regard fixe, bave aux lèvres, etc. Pour ma part, je souhaitais faire de Voldemort un homme profondément et authentiquement mauvais. Ce trait de caractère résulte de ses peurs, de ses frustrations et de ses malheurs. Voldemort a été rejeté par ses parents, il a eu une enfance abominable, et c'est là qu'ont germé en lui la colère, la jalousie et la haine. Mike tenait à mettre en valeur les sautes d'humeur de Voldemort, ses soudaines explosions de violence. A certains moments, il semble tout près de cracher son venin, mais à d'autres, il paraît presque sympathique. On ne sait jamais à quoi s'attendre avec lui. Les gens à double visage peuvent être particulièrement effrayants lorsqu'on perçoit des abîmes de monstruosité derrière leur charme apparent. Imaginez-vous au restaurant, face à un type souriant, dont vous savez qu'il a poignardé sa femme. Cela a de quoi vous couper l'appétit !

Que pensez vous de votre collaboration avec Daniel Radcliffe ?

J'en ai fait voir de toutes les couleurs à Daniel. Plaignez ce garçon que je ligote et mets au supplice en riant de sa douleur... [rires] Daniel devait jouer la terreur et la souffrance avec un minimum de mots. Son travail m'a rempli d'admiration.

Que pouvez-vous nous dire sur le maquillage et le costume de Voldemort ?

Ce maquillage est d'une conception simple mais efficace. Je le voulais aussi discret que possible pour disposer d'une plaine liberté de mouvement. L'idée de base est que Voldemort, tel un reptile, vient de se faire une nouvelle peau. Il se sent à l'aise dans ce corps tout neuf, il le met à l'épreuve. Il en savoure la puissance. Sa longue cape de soie ultra légère lui donne l'allure d'un reptile volant. Mieux qu'un vêtement, c'est une peau noire qui flotte au vent. Et notre homme ne porte, bien sûr, pas de souliers, puisqu'il vient tout juste de sortir d'un chaudron.

<< Retour à la page articles